Mentalement fatigué ? Les garçons de café nous apprennent les dangers du multitâche
Exploration 2022
Vous êtes de plus en plus nombreux à lire cette newsletter chaque semaine. Merci. Je prends énormément de plaisir à lire vos avis, alors n’hésitez pas à laisser un commentaire et ou mettre un petit ❤️ cela m’aide bcp.
Je pianote sur le clavier pour finir ma présentation sur les risques de vulnérabilité d’un système d’information. Une notification fleurit en bas de mon écran. Chercher dossier comptabilité
Pas le temps, je verrai plus tard. Je replonge sur mon ordi car je dois terminer la prez avant ce soir. Rappel : chercher dossier comptabilité.
Bon sang j’aimerais terminer ma prez, je clique sur la bannière pour revenir à mes slides. 15h06 : la cloche tinte, un petit encart apparaît, mail de Stéphanie : Jean, j’attends le dossier sur mon bureau dans le quart d’heure. Mince, c’était pour ça la relance : j’arrête tout. Je traverse le couloir et viens poser le dossier en m’excusant platement.
Je file à la réunion qui vient de débuter. Ennuyeuse comme d’habitude, j’en profite pour regarder mes mails :
Ok, pas intéressant : poubelle
Ok, ultra-important : je traite en sortant de la réunion
Ok, à déléguer : je regarderai demain
Un “Jean” claque dans à mes oreilles. Je lève la tête. Jean, tu es avec nous ? Tu peux ranger ton portable stp ?
Nous sortons enfin, je me jette sur mon power point mais je dois enchaîner rapidement par une visio à 18h30. Je rentre à la maison fatigué par ces sollicitations incessantes. Nous dînons tous ensemble… je réalise alors que j’ai oublié l’email ultra important. Je sors mon portable, ma femme fronce les sourcils : Stéphanie demande de corriger le paragraphe 6.
Encore une fois j’ai ramené mon boulot chez moi. Encore une fois, il y a ce je-ne-sais-quoi qui me parasite et m’empêche d’être présent avec les autres. Je prends conscience que je n’ai pas réussi à déconnecter.
Et si j’en faisais trop ? Et si le multitâche qui était une solution devenait un problème ?
Une étude menée dans les années 20 apporte une réponse. Une psychologue s’installe à la terrasse d’un café allemand. Zeignarnik est intriguée car les serveurs mémorisent toutes les commandes en cours, mais ils sont incapables de s’en rappeler une fois le paiement effectué. Elle lance donc une expérience pour mesurer l’impact de l’interruption d’une tâche sur sa mémorisation.
Elle propose des activités simples à une centaine d’enfants. Une moitié s’amuse tranquillement alors que les autres sont constamment dérangés. A la fin de la journée, 12% du premier groupe se souviennent de leurs activités et ce taux monte à 80% dans le deuxième groupe. Conclusion : on se souvient mieux des tâches inachevées.
Ce phénomène est logique. Commencer une tâche sans la terminer crée une tension dans votre esprit pour qu’elle soit plus facile d’accès pour votre cerveau. La tension disparaît lorsque nous clôturons la tâche : nous sommes programmés pour finir ce que l’on a commencé. Cette découverte anodine a des conséquences profondes : les tâches inachevées prennent mentalement deux fois plus de place que les tâches achevées.
Nous sommes accros au multi-tâches car cela donne une impression de productivité. En réalité, nos capacité chutent sans que nous en rendions compte : concentration, mémoire, fiabilité des décisions. Une étude démontre que le multitâche engendré par les interruptions fait perdre plus de QI que fumer du cannabis.
L’effet Zeigarnik explique la surcharge mentale. Les projets sont des programmes qui tournent en tâche de fond et ralentissent le PC. Lorsque ça rame trop, que faites-vous ? Vous fermez des onglet. C’est la même chose pour nous : il faut réduire le nombre de tâches menées en parallèle.
Pour y remédier, la science préconise de sanctuariser des créneaux où vous n’êtes pas dérangé et d’avoir un système pour déposer vos idées et décharger votre cerveau.
Et demain ? Dans un environnement qui accélère continuellement, le burnout semble devenir la maladie du XXIème siècle. Alors, accusé multitâche, levez-vous. Vous êtes condamnés.